L'enquête commence !

Brünhild laissa filer un grognement en entendant la réflexion de Kardenaar.
Sa famille avait la réputation de ne rien laisser filtrer, et ce n'est pas par elle que cela allait commencer.

Et ces nains qui ne partaient pas ...

Le sergent Tartifume attendait tranquillement que Méthanos le mène à travers l'Elyseum, ravi de s'être trouvé un guide, et encore plus heureux d'avoir pu observer sa réserve personnel d'alcool. "Jamais en service, mais des fois quand même" c'était là son credo.
En attendant de voir où aller l'emmener le druide, le sergent Tartifume retourna dans la pièce centrale de la taverne et commanda une autre pinte. Plusieurs de ses subalternes s'y trouvaient également, la moustache pleine de mousse de bière naine. L'un d'eux vint à sa rencontre et lui chuchota quelques mots à l'oreille. Les yeux du nain s'agrandirent alors et un petit sourire se forma sur son visage.

"Ben tiens, et y croit qu'y peut m'entourlouper alors ? Crénom, ça s'passera pas comme ça. Vous êtes sûr de c'que vous avancez Labiture ? Le même tabard que celui du cadavre ? Parfait, parfait, au moins on est au bon endroit alors. Et vu la réaction de l'humaine costaude, ça m'étonnerait pas qu'la p'tite morte soit d'leur bande.
Faut creuser Labiture, et faut creuser discret. Compris ?
Allez hop, retour aux bières. Discrétion, Questions, Révélations, y'a qu'ça d'vrai.

Méthanos agrippa le nain par le col et plaqua son visage contre le sien. "Ecoute sac à bière, j'ai été gentil jusque là mais 'faudrait pas abuser quand même". Puis il posa sa deuxième main sur le cou du nain et tira de toutes ses forces.
On entendit un craquement avant que la peau se déchira d'un coup à partir de la nuque. Méthanos arracha la tête du nain qui ne fut suivie que par sa colonne vertébrale ensanglantée. On aurait dit un squelette de serpent avec une barbe. Le sang gicla dans tous les sens recouvrant Méthanos souriant de tout ses crocs ainsi que les clients les plus proches qui gardaient un silence médusé devant autant de barbarie.

"Alors on y va? fit le nain?
"Hein, quoi? Oui! dit Méthanos en sortant de sa rêverie. Les chambres, donc? Vous voulez voir lesquelles? celles de luxe ou bien celles dans l'arrière salle qui nous sert d’entrepôt?

JE VAIS BUTER CET AVORTON SI VOUS NE VOUS BOUGEZ PAS LE C**!! ET VITREZ MOI CE TABAAAAAARD!!!!

Une idée !
Brünhild a une idée !

- Sire, je m'en vais vous retirer cette épine du pied. Pouvez-vous regrouper les familles et annoncer que l'alchimiste est mort ? je crains être quelque peu retenue dans les cachots de Forgefer.


Elle se leva, et toisa les gardes nains fièrement.
Puis cria :

"Sergent Tourtenfume ? J'ai des aveux à faire !"

Le sergent Tartifume leva le nez de sa chopine et toisa la guerrière.

"Tartifume on dit. Mais bon, pas grave. Venez avec moi ma p'tite dame, on va voir c'que vous avez pour moi. Si c'est des aveux, c'est qu'vous avez pas la conscience tranquille, hein ?
Le cadavre a été embarqué à la morgue de Forgefer, mais si vous pensez l'connaître j'vous emmènerai pour l'identification.

J'vous écoute."

Öko entra dans l'Elyseum au moment même où les nains venus en nombre se retiraient.
Ces derniers ne partaient pas les mains vides tel qu'on aurait pu le croire en écoutant la pierre de sang.
Elle prit le temps de regarder profondément dans les yeux de Brünhild, ils étaient emplis d'un mélange de fiertée et de tristesse. La guerrière partait exceptionnellement calme sous bonne garde et Öko ne faisait que commencer à percevoir la complexité des événements qui étaient en train de se dérouler. Avant de détourner les yeux et continuer sa route elle adressa à Brünhild un bref regard réconfortant ; oui nous te sortirons de là.

Une fois à l'interieur de l'arrière salle de l'Elyseum, la chamane cherchait Kelaro pour parfaire sa compréhension de la situation. Ella passa devant Selkhys étrangement calme face aux multiples questions que devrait se poser celle qui s'herige en grand pavois de Mortsure. Ce qu'elle avait entendu sur la pierre de sang montrait que d'autres familles ne se posaient pas les bonnes questions nous ne protégerons pas la mascarade sans identifier clairement la victime en question et la question du coupable allait être encore plus lourde.

"Capitaine Tartekifume, Je vous suis, je suis sure d'être en mesure d'identifier ce corps."
Plus bas
"Et après je vous dirai comment je l'ai ... tué"

Le sergent Tartifume regarda l'humaine et hocha la tête.

"Et ben... C'est la première fois qu'j'vois quelqu'un v'nir se rendre comme ça. Et pourquoi qu'vous l'avez tuée la p'tite ? Et c'est qui d'abord ?"

En disant cela, il attrapa les mains de Brünhild et les lui attacha dans le dos. Puis il se dirigea vers la sortie.

"Procédure, pas l'choix".

Deux mots.
Deux mots cinglants.
Deux mots terribles.
Deux mots qui claquent dans l'air comme un fouet sur la croupe des chevaux tirant un attelage.

"Atalys Cendrelune"

Brünhild fixa le vide, perdue dans ses pensées.

"Bon Colonel Tranquilrhume, on peut y aller maintenant ?"

Le sergent Tartifume ne connaissait pas ce nom, mais au moins, son enquête était résolue. Et la coupable semblait tranquille, prête à être jugée et à subir les conséquences de ses actes.

"Allons-y ma grande, par là."

Le sang de Méthanos ne fit qu'un tour. il poussa le capitaine, nain comme on écarta une mauvaise herbe de son chemin.
Ses traits, jusqu'à présent sous un masque de bienveillance transpirait maintenant la colère.
Il saisit le cou de son ancienne amie menottée et la plaqua violemment contre le mur adjacent, les pieds à quelques centimètres du sol. il glissa ensuite sa tête près de l'oreille de la guerrière et lui murmura tout bas:


"Je vais te laisser partir avec eux. Si c'est une mauvaise plaisanterie, je serai ravi de te laisser croupir pour l'éternité dans un cachot miteux. Mais si c'est vrai, le terrier nain le plus profond ne te mettra pas à l'abri de ce que je te ferai subir."

Brünhild suffoqua sous l'impulsion du Druide.
En entendant les paroles de Méthanos, ses yeux s'injectèrent de sang.
Elle lui susurra à l'oreille :

"Tu agis comme un croc et tu réfléchis comme un croc. Laisse moi finir mon travail et protéger ton petit cul au lieu de faire le mariol devant tout le monde."

Elle ferma les yeux.
*Maitrise toi, Brü*
*Maitrise toi*

Kardenaar avait beau se tenir immobile dans son rôle de simple guetteur, la surprise le frappa à plusieurs reprises. Après avoir annoncé qu'elle était la responsable du meurtre, voilà que Brunhild venait de dire que sa victime était... Atalys !

Le leader des crocs avait senti la présence de Selkhys dans la salle, il s'avança de quelques pas dans sa direction, il voulait voir son visage, non, elle semblait tout aussi surprise que lui...

Kardenaar avait été surpris également de la réaction de Methanos. Y avait-il un lien plus profond entre lui et Atalys ? Après une brève hésitation, le chevalier de la mort décida de ne pas intervenir, espérant que la fureur de Methanos ne l'entraine pas à tenter de mettre Brunhild en pièce sous les yeux du nain... Mais toute intervention aurait été une entorse de plus à la mascarade, le sergent pourrait faire une autre corrélation dans les individus qui semblaient être liés entre eux ici. Il vallait mieux rester en retrait.

-Metha, puisque tous t'ont vu réagir de façon aussi vive, dis à l'inspecteur que tu connaissais bien la victime, demande si tu peux aller voir si c'est bien elle, invente une histoire d'amour ou n'importe quoi de ce genre qui puisse le convaincre. Je ne sais pas quel jeu joue Brunhild, mais je veux savoir la vérité à ce sujet.

Le chevalier de la marqua une brève pause avant de reprendre toujours à travers la pierre.

-Une fois les nains partis que tous les chefs de famille et toutes personnes qui en sauraient plus se retrouvent au repaire. Il va falloir décider de ce que nous devons faire et juger ceux qui doivent l'être.

*Oh mon Sire ! Si vos pouvoirs sont plus forts que ce que peuvent imaginer les autres, je vous en supplie, écoutez-moi et intervenez ! Ne me forcez pas à libérer la bête. Vous seul savez les dégâts qu'elle peut engendrer ! Pitié ! Ne m'abandonnez pas ! Pas maintenant ..."

Une larme coula de l'oeil gauche de la guerrière.

Il avait entendu :
- le message de Kardenaar (et apprécié que la partie sanguine des Crocs ne s'emballe pas, ça aurait été un désastre mais il faut savoir prendre des risques, parfois).
- la gestion de la crise par un Méthanos en grande forme
- les actuces mises en oeuvre par Kelaro

Et il avait attendu :
- que sa famille (si rare) réagisse
- qu'elle le fasse bien
- et puis le sacrifice... et le dérapage.

Alors... mettant en oeuvre toute sa science du langage et son maniement quasi-parfait de la communication télépathique :

"Mordus, l'un des évènements les plus graves pour notre communauté vient de se produire. Le sacrifice d'un des nôtres a eu lieu, le sacrifice d'un autre est en cours... Nous avons besoin d'une réaction commune, oubliez vos différents, regroupez-vous, maintenant. Je serais dans l'arrière salle de l'Elysium dans moins d'une heure, laissez partir les gardes, ne faites pas fuir nos clients ils sont notre meilleure couverture, aujourd'hui encore."

Puis, plus précisément, il vint à l'esprit de Méthanos : "Tu as été malin jusqu'ici, soit-le jusqu'au bout. Je sais que tu auras des questions, j'y répondrais moi-même... cette fois."

Malgré toute sa connaissance des composantes de la guilde, le prêtre se tenait prêt à user d'une célérité bien plus grande qu'annoncée.

"Cois-moi, je n'ai pas encore commencé à jouer" siffla Méthanos en serrant encore plus fort pour prouver qu'il en avait encore sous le pied.
Puis il lâcha la guerrière qui s'affala. Il se tourna vers le nain qui n'avait probablement rien compris à l'échange.

Méthanos tremblait de colère. il inspira un grand coup et espéra que sa rage passerait pour de la tristesse. Il se redressa et parla comme un automate.

"Je connaissais Atalys. Si c'est elle, je pourrai vous aider à identifier le corps si vous me le présentez. nous avons participé aux même forums sur l'alchimie à Dalaran l'an passé. Vous pourrez vérifier les registres."

Brünhild toussa après s'être écroulée sur le sol.
Dans un râle, elle s'entêta dans sa ligne de conduite

"Capitaine ... Tartehéenclume ... je suis la belle soeur de ma victime ... Atalys Cendrelune est la veuve d'Eorlingen Dévonah ... (elle reprit son souffle) ... Et je me nomme Brünhild Dévonah, soeur ainée du dit Eorlingen. Je pense être la mieux placée pour ... identifier ce corps. On ne va pas demander à un pauvre amoureux éconduit de venir pleurer sur la dépouille non ?"

*Dégage la chouette ! mais dégageeeeeeeeeeeeee*

N'ayant pu retrouver Kelaro assez rapidement dans tout ce remue ménage, Öko cherchait rapidement la meilleure chose à faire ; à peine avait elle entendu la voix enragée d'un ancien compagnon d’arène qu'elle compris comment être utile. Même grossière, la ruse de Brünhild avait réussie à tromper l'enquêteur, pour un temps tout au moins, il était cependant plus surprenant qu'un des nôtres en soit également dupe. Certainement avait il omit de regarder dans les yeux de la guerrière trop absorbé à escorter le sergent Tartifume, après tout les Crocs ne sont pas familiers de tels combats, et la maîtrise dont ils avaient fait preuve jusque là tenait déjà du miracle.
Par la pierre de sang:
- Kardenaar, en l’absence d'Hizoka il serait plus judicieux je pense, d'affecter vos compagnons au pistage des derniers mouvements d'Atalys tant que les traces sont encore fraîches, mission pour laquelle il vous est reconnu un certain degré de compétence. Laissez à d'autre les manoeuvres langagières, une maladresse supplémentaire pourrait nous être à tous fatale. Les sages sauront infiltrer les hautes sphères pour en tirer les renseignements nécessaires. En attendant, comme le temps de la corruption ne vous est que trop mal connu, retenez Méthanos jusqu'à ce que nos anciens se réunissent. Je vous en serai reconnaissante, ne lui demandez pas plus qu'il ne peut en supporter, rappelez vous que dans ses veines coule le sang de Poudrenoire.

Atalys, morte, allez savoir sur quelle mission sa matriarche l'avait encore affecté. Traversant le nuage de fumée de cigarette d'une riche cliente, Öko entama quelques pas pour se rapprocher de la paladine abasourdie.

Le sergent Tartifume resta un instant sans voix. Il sentit que bien des choses passaient par la tête de ses interlocuteurs, mais il n'en comprenait bien sûr pas la teneur.

Se tournant vers le druide, il lui dit d'une voix clame et maîtrisée :

"Monsieur, je vais commencer par emmener cette femme avec moi. Si elle est la belle sœur de la défunte, elle saura très bien l'identifier. Le choc est grand pour vous, je le vois. Restez ici, reprenez vos esprits, et rejoignez-nous plus tard si vous le souhaitez."

Le sergent Tartifume fit un signe discret à ses subalternes pour qu'ils veillent à ce que personne ne les suive et emmena Brünhild avec lui, laissant derrière lui un groupe au regard médusé.