Le Pendu
" ...À ce noir carrefour, flotte une odeur de mort.
Le cadavre du pendu se balance, au gré de la brise qui porte, au loin, les effluves de sa présence.
Il est accroché à la branche d'un vieil arbre mort, desséché et grisâtre, dont les membres sont tordus comme ceux des damnés.
Au-dessus du corps en pourriture, les corbeaux tournoient, et croassent.
Quand ils sentent la fatigue, ils viennent se poser sur les branches de l'arbre ‑ et quand ils sentent la faim, ils se perchent sur l'épaule du cadavre, pour picorer, à leur aise, un lambeau de chair.
Sous les habits déchirés, des myriades de mouches se livrent à un incessant festin ; à chaque poussée de brise, elles s'envolent, bourdonnent et tourbillonnent, puis s'engouffrent à nouveau dans les fétides replis de l'étoffe salie.
Le pendu, lui, se laisse faire.
De ses yeux mangés par les oiseaux, de ses noires orbites, il regarde le carrefour.
Quand un homme passera, il lui sourira, de cette grimace de mort qui, maintenant, s'est figée sur son visage... "
Extrait des poésies d'Eilistraée, La Rose Noire aux Mille Epines