« Voleuse ! »
Alors que je m’apprêtais à dérober quelques pièces de cuivre des poches d’un de ces brigands de Norclos, résonna dans ma tête ce petit mot entendu maintes et maintes fois dans mes jeunes années. A l’orphelinat de Camarilla où je grandis, mes frères déjà scandaient «Voleuse ! » comme un mauvais présage. Et pourtant qu’y avait-il de mal à rétablir quelque peu une certaine équité entre ceux d’entre nous choyés par nos maîtres, tout de soie vêtus, arborant armes et armures précieuses et les autres, dont je faisais partie, que les cieux avaient décidé de moins gâter, avec pour ma part, ces horribles cheveux blancs qui me faisaient ressembler à une vieillarde dans un corps d’enfant Elfe de la nuit...
Alors oui, je fouillais les poches de mes camarades orphelins, dérobant quelques douceurs que je partageais avec Hippocrate, mon ami d’infortune, mon frère Humain, celui-là même avec lequel je partagerai tout y compris l’initiation de Monseigneur de Camarilla, cet Ermite autrefois puissant Vampire, qui était revenu à la civilisation en créant l’orphelinat et qui avait fait de nous des assoiffés de sang.
Un jour que j’entendais encore proférer à mon égard un énième « Voleuse !» et que je pleurais sur l’épaule d’Hippocrate, ce dernier me dit « Shââline ! Il est temps. Nous avons souffert suffisamment, devenons plus fort que tous. Partons ! » Ces quelques mots déclenchèrent en moi une énergie insoupçonnée et je décidai que jamais plus personne n’utiliserait ce mot jusqu’alors tant haï « Voleuse ! » comme une malédiction, mais qu’au contraire je serai respectée et craint pour ce talent.